mercredi 6 mars 2013

La route cabossée vers Chuckanut


La route n’est pas sans heurt vers Chuckanut 50. Ce long parcours, semé d’embûches, mais aussi de bons moments partagés avec des amis chers, touchera sa fin dans environ une semaine et demie. Si des blessures ralentissent ma progression, le fait d’être bien entouré aide à garder le moral au beau fixe. Je m’étais promis un 50 km en mars, et 50 km il y aura.


Sur le chemin de la guérison
Alors que mon pied se décide finalement à me laisser respirer (et, par le fait même, courir), c’est le genou qui s’en mêle. Diagnostic : inflammation du tendon patellaire. Pour être honnête avec vous, je ne savais même pas que ce mélange de fibres et de collagènes existait avant qu’il ne se décide à s’exprimer. La raison du malaise est bien simple : tout ce qui entoure la rotule (quadriceps, IT Band, muscle fléchisseur de la hanche…) a besoin d’être étiré, pour laisser cette dernière bouger à sa guise. Et la solution, mis à part les étirements, repose sur mon bourreau préféré, l’infâme docteur Case. Chiropraticien, massothérapeute, marathonien de haut niveau, homme à l’humour parfois douteux, il a une poigne de fer et Dieu sait qu’il peut s’en servir. Et si ce n’est pas assez, il a une panoplie d’outils en métal qu’il se plait à tester sur mes muscles (technique de Graston). Chaque fois, c’est la torture, mais le type est le seul à avoir su traiter le plantar fasciitis, alors gâte-toi l’ami, du moment que je guérisse, t’as carte blanche. Bon, trêve de pleurnichage; je dois dire que je m’estime chanceux d’avoir fait la connaissance du docteur Case. Enfin un spécialiste de la santé qui comprend que j’aie envie de courir pendant 5 heures. Ceux qui l’ont précédé étaient, disons, moins ouverts à l’idée…

El caballo de acero
Sur le sentier de la guerre

17 février 2013. En cette belle journée d’hiver, c’est l’heure de lancer les hostilités. La 1re course de la saison se tient à Fragrance Lake (Washington State). Je ne suis pas seul, j’amène tout le paddock avec moi. Dans le coin rose, les trois pouliches, qui gambaderont sur 10 km : Mylène, qui a passé la semaine à jouer à la chaise musicale – je cours, je cours pas, je cours peut-être. Marie-Josée, et sa confiance tranquille – « Oh well, ça va aller ». Et Christine, qui en est à ses 1ers balbutiements sur les sentiers. Dans le coin bleu, El caballo de acero, Cendrix, qui tout comme moi se prépare pour Chuckanut. El caballo verde, notre Mexicain d’adoption, Joel, qui vivra son baptême de trails. Et moi-même, El caballo salvaje. Pour nous trois, ce sera 20 km. (les noms proviennent de l’imagination de Joel)
J’ai appris la veille que ma coach serait présente, ça ajoute un peu de stress. On discute un peu avant la course, elle y participe aussi, pour le plaisir. Puis warm-up avec mes deux companeros, histoire de goûter aux sentiers de Fairhaven. Le terrain n’est pas très accidenté, la surface pas trop dure, ça va être rapide! On nous demande d’approcher la ligne de départ. Derniers mots avec Cendrix et Joel, puis les filles. Je me place complètement à droite, j’aime bien attaquer avec mon célèbre crochet. La prudence est de mise par contre : le départ se fait en même temps pour le 10 et le 20 km, donc ça pourrait barder.
El caballo verde
Sur le chemin de la victoire

Décompte, et départ. C’est moins rapide que je ne le prévoyais, et je me place 3e après la 1re montée, sans trop de difficulté. Je passe 2e au km 2, puis vient Cleator Rd, une looooongue montée qui nous mènera au Chin Scraper. J’ai une pensée pour tout le monde, et je me dis que c’est possible qu’on m’en veuille un peu pour celle-là. J’ajuste ma vitesse sur le leader, qui participe au 10 km. Je n’ai aucune raison de passer devant. En fait, oui, j'en ai une : il vient de commencer à marcher. Je prends les commandes et rapidement un autre coureur vient me talonner. Et celui-là fait le 20 km. Voyons-voir ce qu’il a dans le ventre…
El caballo salvaje

C’est un bon coureur, plutôt solide en montée et rapide sur le plat et en downhill. Je sais que le Chin Scraper (montée) arrive bientôt, et j’ai l’intention de m’en servir pour le « casser ». J’avais fait preuve de patience à Deception Pass et avais passé 14 km avec un copain collé au cul. Aujourd’hui, je reviens à mon bon vieux style : all out! Plus on monte et plus je sens qu’il défaille. J’utilise les « switchbacks » pour reprendre mon souffle. S’il peut me voir, je cours, sinon, je « powerhike ». Arrivé au sommet, j’estime avoir mis une minute entre nous. Un verre de Coke en passant, et je fonce vers la descente. Rapidement je réalise que mes jambes sont en parfait état et que, à moins d’un pépin, je serai dur à rattraper. Quand même, je ne me permets pas de répit, au cas où… Rendu au 15e km, je jette un œil à ma montre; j’ai couru le dernier km en 3 :50. Je sais à présent que cette 1re course de la saison m’appartient. Je termine en 1 :34 :03,  2 min 21 devant mon plus proche poursuivant.
Les filles sont là, tout sourires, elles ont bien apprécié. Cendrix croise le fil d’arrivée en 1 h 53. De bon augure pour Chuckanut! Et Joel, victime de ses deux premières chutes en carrière, fait son entrée au stade en 2 h 16, en milieu de peloton.
Lunch et bière après-course, discussion avec le ranger responsable du parc et avec les organisateurs, et c’est déjà l’heure de rentrer au bercail. Autre belle expérience dans Washington State. Prochain arrêt : Chuckanut 50.

Bonne course!

Ben

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