mardi 2 février 2016

Entraînement croisé : fardeau ou bénédiction?

L’année 2016 sera votre année, vous le sentez! Motivé comme jamais, vous vous levez aux petites heures du matin pour aller courir. Vous bondissez hors du lit, dans vos souliers, sur le trottoir… oups, à moitié sur le trottoir! Vous entendez un petit « clac » qui veut dire que le ligament (ou le tendon, je ne sais jamais) est sorti de sa zone de confort. Verdict : foulure légère. Remède : de 3 à 4 semaines sans courir. Vlan! Dans les dents du grand enthousiaste, qui retourne clopin-clopan chez lui.

Si vous vous retrouvez dans cette situation, vous faites quoi, chers coureurs? Vous vous écrasez ou vous relevez?

Seul au monde


Quand les choses vont bien et que les buts sont ambitieux, la soudaineté (oui, ça existe!) d’une blessure peut résulter en de l’auto-flagellation : « Pourquoi ça n’arrive qu’à moi? Une blessure, encore? J’en ai eu une l’an passé. Pourtant j’ai fait attention, je me rappelle, j’ai fait des étirements l’autre jour… » Les abysses d’un cerveau de coureur sont parfois profondes.

Mais rassurez-vous. Comme chantait Michael Jackson: « You are not alone. » En effet, selon les études, entre 37 et 56 % des coureurs se blesseraient au moins une fois l’an. La première étape de votre convalescence, une fois l’auto-flagellation terminée, peut être de sonder votre groupe de bipèdes pour savoir si quelqu’un a vécu la même chose. Je serais prêt à gager un 10 que oui. Maintenant que vous avez trouvé un Wilson pour discuter et pour vous accompagner en ces temps orageux, c’est le moment de réfléchir à l’entraînement croisé.

L'entraînement croisé consiste à pratiquer une autre activité physique en complément de son sport principal, ici la course, dans le but de développer d’autres forces et de progresser dans son sport de prédilection.

La course, version simplifiée


À mon humble avis – et vous en faites ce que vous voulez, j’ai étudié le français à l’université, pas la médecine! – trois éléments fondamentaux sont gages de réussite quand on pratique la course à pied. Nous les appellerons A, B et C. On va aussi ajouter un R, mais dans quelques lignes. Patience. Alors voilà :

A- endurance et flexibilité des muscles
B- capacités cardiorespiratoires
C- habitudes de vie saines.

Alors que vous ruminez comme un lion en cage, l’animal qui sommeille en vous doit décider de la suite des choses. J’y vais ici de quelques scénarios, et les associe avec les éléments vus plus haut :

1. Divan, crottes au fromage, reprises de Virginie (ça passe en reprise à Radio-Canada, je l’ai vu!). Élément travaillé: R (comme dans « rien »)

2. Divan, crottes au fromage, étirements pendant Virginie (non mais, vous pourriez au moins regarder Découverte!). Élément travaillé : A, bien qu’on ne soit pas loin du R…

3. Repos forcé, cuisine santé, lecture. Élément travaillé : C

4. Exercices réguliers des muscles jambiers et du haut du corps, perfectionnement des déjeuners santé, bière uniquement les vendredis. Éléments travaillés: A, C

5. Vélo stationnaire trois fois par semaine, natation deux fois par semaine, régime équilibré. Éléments travaillés : A, B, C

6. Mélange d’elliptique, de vélo stationnaire et de rameur, embauche d’un entraîneur privé, yoga, achat du livre « Nutrition sportive - 21 jours de menus » de la nutritionniste Stéphanie Côté. Éléments travaillés: A, B, C +++

Voilà! À mon avis, la façon d’aborder une blessure fait toute la différence. La course, c’est votre sport préféré? Vraiment? Alors pourquoi ne pas travailler des éléments qui sont souvent laissés de côté quand les choses vont bien? C’est l’occasion de renforcer les muscles plus faibles, d’étirer ceux qui sont plus tendus, de surprendre vos poumons par une sortie intense en ski de fond, ou une montée ardue en vélo. Vous ne savez pas skier? Regardez Alex Harvey sur Youtube pour savoir comment. Ou prenez un cours, c’est plus sûr. Vous ne faites pas de vélo l’hiver? Le studio dans votre quartier offre des cours de cardiovélo tous les jours. Trouvez des solutions pour bouger, plutôt que des excuses pour ne rien faire.

Mes suggestions


J’ai une liste de blessures longue comme le bras (pourtant j’ai fait des étirements l’autre jour…), l’entraînement croisé, ça me connaît. En hiver, j’opte pour:
- Le ski de fond, style classique: c’est agréable de respirer l’air pur, ça sent bon, parfait pour le cardio, entraînement complet qui travaille à la fois le haut et le bas du corps (et le tronc). Un incontournable.
- Le gymnase : au début, je n’étais pas un fan. Depuis que je fais affaire avec un entraîneur privé, j’en redemande. Choisissez quelqu’un qui connaît bien la course et changez de programme régulièrement.
- La course aquatique : très bon pour l’endurance, à condition de bien reproduire le mouvement. Les études le démontrent, ça fonctionne. Et pour la dureté du mental, dur à battre! Mais bon, à la fin d’un ultra, quand t’as plus de jambes, du mental, c’est bon d’en avoir dans sa poche d’en arrière.
- Le yoga : pourquoi pas? Toucher ses orteils sans plier les genoux, ça aussi, c’est un défi!

Conclusion (hâtive)


S’il y a une chose qui fonctionne avec la course, c’est la constance. Moins on se blesse, plus on court régulièrement. Plus on court régulièrement, plus on s’améliore.

Malheureusement, les blessures, ça arrive. Et ça fait mal, physiquement et psychologiquement. Mais il y a moyen de voir le bon côté des choses, de peaufiner certains aspects qui ne sont pas au point et de rester en excellente condition physique. Suffit d’imagination, de persévérance et de travail.

Bon entraînement croisé! Bonne course!

Ben

P.S. Certaines blessures requièrent vraiment du repos. Parlez à un spécialiste avant d’entreprendre un programme d’entraînement croisé.
P.P.S. Les blessures, ça arrive. Mais si ça arrive trop souvent, consultez un médecin ou un spécialiste. Les symptômes sont souvent faciles à identifier, mais c’est la cause qui importe.