jeudi 11 avril 2013

Chuckanut 50

Presque 8 mois jour pour jour après le Knee Knacker, je me retrouve de nouveau sur la ligne de départ d’un ultramarathon. En mémoire, les longues heures passées sur la Baden Powell à maudire mon pied, mes jambes, mes blessures. Mais en ce matin d’hiver, avec Cendrix et quelque 400 autres coureurs, il est temps de faire une croix sur une mauvaise expérience, et de commencer une nouvelle ère. Compte-rendu de Chuckanut 50.

 
Cendrix, sur Interurban Trail
En sautant de l’auto, je le savais. Je savais que j’avais mes « jambes de course ». Je sentais l’adrénaline monter en moi. Je savais que j’allais avoir une bonne première moitié de course, 25 km, c’est ma distance. Ce que je ne savais pas, c’est si mon entraînement avait pu me procurer cette endurance qui faisait défaut l’an passé. Parce qu’après la première moitié, il y en a une seconde. Et celle-là est normalement moins rose…
 
J’ai la chance d’avoir mon pote Cendrix avec moi, qui en est à son premier ultra, et nous comptons, comme à l’habitude, sur un fidèle groupe de supporters en MJ, Mylou, Christine et Joel.

Du départ au 1er point de ravitaillement (10,5 km, Interurban trail, plat) : Même si je me promets toujours un départ conservateur, c’est difficile pour moi. Je suis un apôtre de Steve Prefontaine : une course ça se joue en avant, pas en revenant de l’arrière. Cendrix et moi nous plaçons quand même loin derrière, mais dès le départ, je file vers ma gauche et me faufile plus près des leaders. Ma stratégie est de me placer dans les 20 premiers, et c’est exactement ce qui arrive. C’est épaule à épaule avec Chris Barth (marathon en 2:45) que je parcours cette section. Lui, je ne l’ai jamais battu, et je me dis qu’aujourd’hui pourrait être le bon jour. Tout le long de ces 10 km, je peux apercevoir Gary Robbins. Bon signe! Je me sens fort et même si je ne pousse pas trop, je complète cette 1re section sous les 42 minutes.

Du 1er au 2e point de ravitaillement (7 km Fragrance Lake Trail, montagne) : Probablement la meilleure portion de la course, de mon côté. Je laisse 5 coureurs derrière moi, dont Robbins. Ça me fait penser que je suis peut-être parti un peu vite… Quelques secondes avant mon arrivée au point de ravitaillement, je dépasse un gars que j’avais rencontré à Fragrance Lake. Il me dit quelque. Moi, bien élevé, gentil garçon, me retourne pour lui répondre. Et, pour la Xième fois de ma jeune carrière, me voilà encore face première. Le genou gauche frappe gentiment une roche au passage. Plus de peur que de mal, les dommages sont minimes. Pour reprendre les paroles de mon amie Mirabelle : Pas de boue, pas de bobo, pas de Ben. 
 
Du 2e au 3e point de ravitaillement (Cleator Road, 5 km, montée) : Longue, mais longue montée vers Chuckanut Ridge. Sur un chemin de gravier, du genre que tu vois trop loin. Belle place pour pratiquer la dureté du mental. Je reprends deux autres positions. Je sens quelque chose à l’intérieur de la cuisse, une crampe déjà? Après seulement 20 km? J’arrête pour remplir ma bouteille de Coke. Je me dis qu’un peu de sucre ne me fera pas de tort.

Du 3e au 4e point de ravitaillement (Chuckanut Ridge, 10 km, montagne) : Ma section préférée, surtout les premiers 5 km. Je me sens encore léger et rapide, mais je ne suis pas le seul. Ça commence à se bousculer derrière. J’effectue deux dépassements, mais je me dois de concéder deux positions (Robbins est de retour, sans grande surprise). Parlant de surprise, je constate que ma bouteille n’était pas bien fermée, me voilà donc sans fluide pendant 10 km. Ma coach dira plus tard que c’est ce qui a probablement pesé dans la balance lors de la dernière heure. Même si je me sens fatigué durant la longue montée de Lost Lake trail, mes jambes sont toujours fortes. Je m’attaque au downhill avec réserve; je sais que Chinscraper, la dernière montée, m’attend au détour. Malgré tout, je constate qu’après 35 km, le corps tient relativement bien le coup.

 
Du 4e au 5e point de ravitaillement (Chinscraper, Fragrance Lake Trail, 6 km, montagne) : Dernière montée avant le sprint final. Le Chinscraper, comme son nom l’indique, est plutôt pentu. Je l’ai déjà fait en pratique et en compétition, au moins je sais à quoi m’attendre. Je me contente d’être constant, je me rappelle les bons mots de Roger, le coach des Lions Gate Road Runners : Ben, you’re almost done. Don’t try something heroic (ouais, c’est mon style parfois!). Je me sens relativement bien et franchement, j’aurais continué à monter plutôt que d’avoir à me taper les 4 km de downhill qui s’en viennent. Car c’est là que les jambes font mal. Je sens que ça commence à manquer de fluidité au niveau des pattes, mais ça se déroule tout de même pas si mal. Je sais maintenant que, à moins d’une catastrophe, je courrai sous les 4 h 30. On est loin du désastre du Knee Knacker.
Au sommet du Chinscraper
 
Du 5e point de ravitaillement à l’arrivée (Interurban Trail, 10,5 km, plat, encore!) : Cendrix et moi, on se l’était dit et redit : « Si on peut arriver au dernier segment, 10 km de plat, c’est dans la poche! » Heu! Pas vraiment... Après 40 km, les jambes ne sont plus ce qu’elles étaient jadis (c'est-à-dire 3 h avant), et le galop des débuts s’est transformé en petit trot. Je parviens à peine à tenir 4:45/km. La route semble longue jusqu’à l’arrivée. Beau moment, alors que j’aperçois Manu et Miro sur le sentier. Ils se sont déplacés pour venir nous encourager, sans s’annoncer. Ça donne un « boost », et c’est au moment opportun. Plus que 5 km, je commence à reconnaître des points que j’ai croisés en début de course : une intersection, un trottoir, et, finalement, le pont où j’ai fait mon réchauffement avec Cendrix. Mes jambes sont de retour, ne restent que quelques minutes. À un moment donné je croyais pouvoir terminer sous les 4 h 15, mais ce sera trop peu trop tard. Résultat : 4:16:43, 19/350, dans une course qu’on considère comme une des plus compétitive aux États-Unis. Cendrix, pour un 1er ultra, s’en tire très bien, en 4:53:15.

Alimentation (suivant la diète paléo) :
  • Vendredi matin : amandes, lait d’amandes, banane, dattes, café
  • Vendredi midi : saumon, œufs, avocat, patates douces
  • Vendredi soir : saumon, brocoli, champignons, patates douces, chocolat noir
  • Samedi matin (3 h avant la course) : saumon, 2 œufs, brocoli, champignons, café
  • Samedi matin (1,5 h avant la course) : ~ 10 dattes
  • Course : 1 gel 10 minutes avant le départ, 12 gels pendant la course, 3 verres d’électrolytes, 2 verres de Coke, 1 verre d’eau
Prochaine étape : Capitol Peak 55 km, 27 avril

1 commentaire:

  1. Excellent rapport ma Bestiole, tu as été très fort, watch out toutt e'l tour !

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